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donna léon - Page 3

  • Moisson.

    Repartir de Fabregas avec des blettes, de la courge, des épinards, des carottes, des fenouils, beaucoup de pommes et une poignée de figues.
    Recevoir une lettre lilas et y répondre en bleu.
    Faire de la compote de pommes parfumée à la vanille et à la badiane.
    Se lever un matin en forme.
    Commencer le pull irlandais.
    Ranger les papiers administratifs.
    Croiser au magasin une des infirmières adorables qui, après avoir pris le temps de demander des nouvelles et de bien tout écouter, demande qu'on lui rappelle comment on fait sa lessive. Dans les rayons, au milieu des caddies, elle prend note et dit merci beaucoup, ce à quoi on lui répond merci beaucoup.
    Offrir le dernier Donna Leon pour un anniversaire.
    Rencontrer le boulanger de Bras. La boulangère, en fait. On écoute toutes ses explications sur la fabrication du pain et on lui demande de préciser si c’est bien elle, donc, qui fait ce bon pain d’engrain qu’on lui prend chaque semaine. Elle explique qu’en fait, ils sont trois : le producteur de grains, qui est aussi le meunier ; le boulanger qui l’a formée elle ; et elle-même. Ce jour-là, oui, c’est elle qui a pétrit, cuit, mit dans la fourgonnette et qui vient vendre sur le Petit Cours. Ceci fait forte impression.


  • Gris.

    La vie est une suite de moments allant du noir profond au blanc pur, en passant par toute une gamme de gris. Dans cette gamme, plus de teintes qu’il n’y a de notes : gris foncé, menaçant, anthracite, opaque, épais, acier, plomb, épais, tourterelle, clair ou souris… , On va et on vient, on monte et on descend ; et tant qu’on fait cela, on reste en vie.
    Le gris, on y a pensé au moment où, lisant Minuit sur le canal San Boldo, le dernier opus des aventures de Brunetti, on le suit sur son trajet matinal pour se rendre à la Questure, s’arrêter prendre un café croissant non seulement chez Ballarin, mais aussi chez Rosa Salva.
    On pose alors le livre sur les genoux et on se souvient de la dernière fois qu’on a dégusté un café croissant chez Rosa Salva. A toutes les tables, des Vénitiens et des Italiens surtout, parlant de plus en plus fort au fur et à mesure que les cloches de l’église toute proche sonnaient. On avait pris ses aises sur la chaise, et on avait regardé le ciel : un beau ciel gris de novembre à Venise : on l’avait trouvé onctueux, ce gris, comme le budino qu’on avait dégusté aussi.
    Voilà un joli projet : retourner un matin chez Rosa Salva.
    Pour l’instant, on continue à suivre Brunetti dans son enquête.